En France, les douleurs chroniques affectent plus de 12 millions de personnes adultes. Qu’elles apparaissent suite à un traumatisme ou sans cause apparente, ces douleurs ont souvent un fort impact sur la vie professionnelle et sociale des personnes. Le plus souvent, celles-ci doivent combiner plusieurs modalités de traitement pour conserver ou retrouver une qualité de vie satisfaisante.
Qu’est-ce que la douleur chronique ?
Quelles en sont les causes ?
Comment différencier une douleur aigüe d’une douleur chronique ?
Quels sont les traitements les plus efficaces ?
Lisez la suite pour le découvrir.
Des critères stricts encadrent la définition de la douleur chronique et son diagnostic. Une douleur est considérée comme chronique :
La douleur chronique peut apparaître de diverses manières : dans certains cas, elle fait suite à un traumatisme physique, comme une fracture ou un traumatisme du dos, et persiste pendant un temps anormalement long après la guérison des lésions. Dans d’autres cas, elle est la conséquence d’une pathologie comme l’arthrite, le diabète ou le cancer. Enfin, un certain nombre de personnes développent ce que l’on appelle un syndrome douloureux primaire, où la douleur se manifeste sans raison apparente : ni traumatisme initial, ni cause organique détectée lors des examens médicaux. La fibromyalgie fait partie de cette dernière catégorie.
La chronicisation de la douleur s’explique par plusieurs mécanismes. Tout d’abord, certaines pathologies comme le cancer ou la polyarthrite entraînent une activation continue des récepteurs sensoriels de la douleur (nocicepteurs), situés au niveau des terminaisons nerveuses. Ce phénomène de stimulation nociceptive peut à lui seul expliquer la persistance de la douleur.
Toutefois, lorsque la douleur chronique n’est pas associée à de tels stimuli, sa principale cause est une sensibilisation du système nerveux, en particulier le système nerveux central : c’est pourquoi on parle de sensibilisation centrale. La sensibilisation centrale amplifie la perception de la douleur, expliquant pourquoi certaines personnes ressentent la douleur longtemps après la guérison des lésions initiales. Dans certains cas, une lésion nerveuse est en cause, ce qui se traduit par une altération des signaux de douleur.
La douleur chronique peut aussi provenir de l’inflammation chronique, que l’on retrouve dans des maladies comme la polyarthrite rhumatoïde. En effet, l’inflammation issue de la réponse immunitaire entraîne une stimulation des nocicepteurs ; plusieurs recherches ont aussi mis en évidence le lien entre une réaction inflammatoire persistante et la sensibilisation du système nerveux central et périphérique.
Enfin, il existe un lien entre douleur chronique et facteurs psychologiques. Le stress, l’anxiété et la dépression sont connus pour entretenir ou accentuer la perception de la douleur, pouvant aboutir à un cercle vicieux.
La douleur chronique se manifeste sous différentes formes, et peut potentiellement toucher toutes les zones du corps. Les douleurs articulaires et musculaires sont les plus fréquemment rencontrées en kinésithérapie.
Le mal de dos chronique est une plainte extrêmement fréquente, et l’un des principaux motifs de consultation en médecine générale et en kinésithérapie. En France, les lombalgies chroniques représentent 70 à 90% des coûts liés à la maladie. Dans la plupart des cas, la douleur chronique au dos est liée à des tensions musculaires (souvent dues à une faiblesse musculaire de la zone), un manque d’activité et/ou un déficit de mobilité articulaire ; la pratique régulière d’exercices ciblés fait partie intégrante du traitement.
Les douleurs pelviennes sont fréquentes ; un certain nombre d’entre elles deviennent chroniques. Les causes d’une douleur chronique pelvienne sont souvent multifactorielles : troubles digestifs chroniques, adhérences, syndrome de congestion pelvienne (insuffisance veineuse pelvienne), endométriose, névralgie du nerf pudendal…le traitement dépend de la cause identifiée, et peut comprendre des séances de rééducation périnéale.
Les douleurs cervicales sont un autre motif de consultation très fréquent. Dans la plupart des cas, la douleur chronique au cou est liée au système musculo-squelettique, c’est-à-dire à une affection touchant les vertèbres cervicales, les muscles ou les ligaments. Les problèmes de posture et l’arthrose cervicale sont parmi les causes les plus courantes de la cervicalgie, qui peut être soulagée par une rééducation adaptée.
La douleur chronique au genou fait généralement suite à un traumatisme initial, comme une lésion ligamentaire ou méniscale. Elle peut aussi provenir d’une arthrose du genou, qui requiert une prise en charge à long terme. Un état d’inflammation continue ou la sollicitation excessive du genou font partie des facteurs déclenchants ou aggravants de ce type de douleur, qui requiert souvent des séances de rééducation. Des modifications de l’activité physique sont souvent requises pour obtenir un soulagement.
Une douleur chronique est dite neuropathique lorsqu’elle résulte d’un dysfonctionnement ou d’une lésion du système nerveux périphérique et/ou central. Dans la plupart des cas, elle fait suite à une lésion ayant disparu, mais ayant donné lieu à une sensibilisation du système nerveux. Les douleurs neuropathiques s’accompagnent souvent d’autres sensations : brûlures, picotements ou encore engourdissements.
Certaines douleurs sont dites polyarticulaires, ce qui signifie qu’elles s’étendent à plusieurs articulations. Ces douleurs chroniques aux articulations sont généralement liées à l’arthrose, ou à un trouble inflammatoire comme la polyarthrite rhumatoïde. Des séances de kinésithérapie sont recommandées pour améliorer l’amplitude du mouvement. Par ailleurs, l’activité physique contribue à la prévention ainsi qu’à la diminution des douleurs articulaires.
La fibromyalgie est un syndrome douloureux chronique qui touche 1,6% de la population adulte. Elle se caractérise par une douleur diffuse persistante, souvent associée à d’autres symptômes comme une fatigue intense et des troubles du sommeil. Invalidante, cette affection requiert un traitement multidisciplinaire, donnant souvent lieu à un accompagnement psychologique.
La liste présentée ici ne couvre pas l’entièreté des douleurs chroniques, qui peuvent potentiellement concerner toutes les zones du corps. L’épaule, le poignet, les hanches et l’aine sont d’autres zones fréquemment touchées par ce type de douleur. En plus des maux de l’appareil musculosquelettique, il faut également mentionner les douleurs digestives et les céphalées chroniques, des symptômes assez courants avec un retentissement notable sur la qualité de vie des personnes. Là encore, les modalités de traitement sont nombreuses, une approche personnalisée et multidisciplinaire étant la clé pour soulager les symptômes.
Lorsque la douleur chronique est associée à une cause sous-jacente, le traitement de celle-ci est indispensable. Dans la majorité des cas, il faut associer plusieurs modalités de traitement contre la douleur chronique pour obtenir une amélioration, avec un double objectif :
Les traitements médicamenteux indiqués dépendent de l’intensité et de l’ancienneté de la douleur. Cela peut aller d’une prescription d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), à des traitements plus lourds comme les antalgiques opiacés. En cas de douleur neuropathique, les patients peuvent aussi se voir prescrire des antidépresseurs ou des anticonvulsants.
A côté de ces traitements symptomatiques, des traitements physiques sont souvent entrepris pour soulager la douleur chronique. La kinésithérapie et l’ergothérapie sont recommandées pour renforcer les zones douloureuses, profiter des bienfaits de l’activité physique contre la douleur, et mieux gérer les activités du quotidien.
Enfin, la douleur chronique donne souvent lieu à des thérapies psychologiques et comportementales. Ces thérapies ont un double objectif : prévenir et traiter les difficultés psychologiques causées par la douleur chronique (isolement social, anxiété) mais aussi identifier et dénouer les schémas mentaux et comportementaux qui entretiennent la douleur (stress, hypervigilance…).
En parallèle, un certain nombre de patients rapportent les bienfaits des méthodes alternatives pour soulager la douleur, en particulier les techniques corps-esprit comme la méditation. Cela semble s’expliquer par l’effet de la relaxation mentale et physique sur le système nerveux, avec un impact sur la perception de la douleur.
La kinésithérapie dispose d’un certain nombre d’approches et de techniques pour accompagner les patients atteints de douleur chronique. Cet accompagnement ne se limite pas au traitement physique ; il intègre également la dimension psychologique et les habitudes de vie du patient.
Suite à une évaluation approfondie intégrant l’analyse de la douleur, le bilan fonctionnel et l’évaluation des facteurs psychosociaux, le kinésithérapeute met en place un plan de traitement qui intègre :
En parallèle, le kinésithérapeute peut montrer au patient des techniques de relaxation neuromusculaire, qui contribuent au soulagement des douleurs par la diminution du stress et des tensions. L’éducation thérapeutique joue un rôle clé dans la prise en charge des douleurs chroniques en kinésithérapie. En effet, les patients qui comprennent les mécanismes de la douleur se sentent généralement rassurés et en position de maîtrise, ce qui améliore leur gestion du problème au quotidien.
Un certain nombre de douleurs chroniques peuvent tout à fait donner lieu à des séances de balnéothérapie. Effectuée en bassin peu profond, cette modalité de rééducation contribue au soulagement des douleurs ainsi qu’à la facilitation des mouvements.
Oui, plusieurs études ont mis en évidence le lien entre douleur chronique et dépression, qui est bidirectionnel. Toutes les personnes ayant des douleurs chroniques ne souffrent pas de dépression, mais les troubles psychologiques et de l’humeur sont fréquents. D’où l’importance de prendre aussi en compte la santé mentale dans le traitement de la douleur.
Douleur chronique et douleur aiguë diffèrent principalement par leur durée. En effet, on parle de douleur chronique lorsque la douleur est présente de manière persistante ou récurrente depuis au moins 3 mois, malgré le traitement de la lésion initiale. Au contraire, la douleur aiguë est limitée dans le temps, et disparaît lorsque sa cause (lésion, maladie) est traitée.
Douleur chronique – 3 points à retenir :
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